Didier Tilkin (UCE Liège), 40 ans sur le terrain
Le joueur de l’UCE Liège vient de fêter ses 40 ans. Le joueur de champ en P1 s’offre un record de longévité
- Publié le 07-11-2018 à 11h23
- Mis à jour le 07-11-2018 à 15h02
Le joueur de l’UCE Liège vient de fêter ses 40 ans. Le joueur de champ en P1 s’offre un record de longévité
Didier Tilkin, joueur de l’UCE Liège, fait office de vétéran en P1 liégeoise.
Vous avez fêté vos 40 ans dimanche passé, avec une victoire face à Braives. Un beau cadeau d’anniversaire ?
"Malheureusement, je n’étais pas sur le terrain. J’ai toujours eu la chance d’éviter les blessures graves même si, pour le moment, je suis à l’arrêt à cause d’une gêne aux ischios. Je vais revenir dans le parcours, mais il était encore trop tôt, anniversaire ou pas."
Un joueur de champ toujours actif en première provinciale à votre âge, c’est plutôt rare. Y a-t-il un secret ?
"Je considère le football comme un jeu. Et ce jeu me plaît toujours autant. Au fond de moi, comme footballeur, je suis resté un grand enfant qui ressent encore un pincement d’adrénaline à chaque match."
En règle générale, une fin de carrière s’achève dans les plus basses divisions. Vous, c’est l’inverse : vous vous imaginiez boucler la boucle parmi l’élite provinciale ?
"Quand je suis revenu au club, il évoluait en troisième provinciale et je comptais vraiment y terminer mon parcours tranquillement. Mais l’UCE Liège vient de connaître une ascension fulgurante sur le plan sportif. À aucun moment, je n’imaginais rejouer en première provinciale une dizaine d’années après avoir connu ce niveau avec Amay. Ça ne me pose aucun problème, j’en suis même heureux."
Et vous n’y faites pas de la figuration. Votre équipe confirme son remarquable parcours du précédent championnat. Vous la voyez comment la suite de votre saison ?
"D’un point de vue qualitatif, ce groupe-ci est franchement le meilleur sur mes cinq années passées à l’UCE. On sort d’une petite période plus creuse mais je veux bien prendre le pari que nous réussirons encore un beau championnat."
Vous avez traversé le foot provincial sur deux décennies. Entre celui d’hier et d’aujourd’hui, vous en pensez quoi ?
"Si je compare mes deux passages en P1, à dix ans d’intervalle, il y a un net fossé entre les deux époques. C’est pareil au niveau national, quand je repense à l’ancienne promotion, surtout la série avec les clubs flamands, que j’ai connue à mes débuts. Dans un autre registre, il était tout de même plus agréable de jouer devant un public bien plus nombreux que les 40 ou 50 spectateurs d’aujourd’hui. Mais ces aspects négatifs ne doivent pas prendre le pas sur tout ce qui reste positif."
Le moment venu de raccrocher les crampons, vous y songez ?
"Je vais terminer cette saison le mieux possible puis je me poserai la question. Il est vrai que dans mon cas, quitter la famille trois fois par semaine, ce n’est pas toujours évident. D’autant que mon fils pratique le basket et je tiens à le suivre."
>> Ses modèles
Didier Tilkin a forcément bourlingué dans le foot provincial. Dix points de chute et, comme palmarès, quatre titres ou montées, dont les deux derniers gagnés avec son club actuel, l’UCE Liège. Il avoue un lien fort avec Jean-Marie Raucq, le coach qui l’a (r) amené chez les Espagnols durant l’été 2014. “C’est le genre de coach que tu voudrais connaître pour débuter ou lancer ta carrière" ,confie-t-il.
Je suis resté au club en sachant que les objectifs seraient redéfinis vers le haut. Il m’a toujours accordé sa confiance. Je ne peux pas ne pas être là quand il a besoin de moi. ” Parmi les entraîneurs qui l’ont guidé, Didier Tilkin sort un autre nom de son armoire à souvenirs, lié à ses débuts sous les couleurs de Seraing RUL : Dominique D’Onofrio. “Quel Monsieur ! J’étais plus jeune, j’avais vingt ans à l’époque. Son approche du football m’a marqué. C’était un homme de poigne, avec une grande rigueur, malgré son côté toujours jovial.”
>> Ses origines
Sérésien d’origine, Didier Tilkin a grandi à l’ombre du Pairay (à deux pas duquel il habite), au temps du matricule historique du club rouge et noir. “J’y ai fait toutes mes classes. J’ai été bercé par le Seraing des années 80-90. Je ne vous cache pas ma fierté d’avoir ensuite effectué mes débuts sur cette même pelouse. Si je ne dois retenir qu’un endroit et un stade, c’est celui-là, sans hésiter.” Un Sérésien de l’époque, Fio Serchia, a d’ailleurs marqué l’imaginaire de Didier Tilkin. “J’ai eu la chance, plus tard, de le côtoyer comme équipier et entraîneur à Amay. Il était impressionnant d’aisance technique.” Deux buteurs gardent également une place à part dans les éloges : Licata et Pieroni. “Une demi-occasion, c’était but ! Mais tu devais jouer pour eux. Moi, quand je marque, je ne sais pas fêter mon but parce que j’ai été assommé dans le duel par mon adversaire. C’est comme ça que j’ai offert une place sur le podium à l’UCE Liège la saison dernière”, rigole-t-il.
>> Un club "select"
Didier Tilkin n’est évidemment pas un cas unique en P1 liégeoise. Mais l’Ougréen fait désormais partie d’un cercle très “select”, réservé à une poignée seulement de joueurs de champ à travers les générations. Plusieurs gardiens l’ont élargi, à l’image d’un Laurent Peeters, aujourd’hui doublure de luxe à Fize, dans la lignée des Jo Labarbe, Harald Heinen, Pedro Gomez, pour n’en citer que quelques-uns avant lui. Au plus haut niveau provincial, ce privilège se fait plus rare pour les joueurs de champ, très souvent rattrapés par la trentaine bien sonnée. Didier Tilkin, lui, a donc réussi à passer entre les mailles du filet. Son plus illustre prédécesseur est sans conteste Helmut Graf, débarqué comme joueur-entraîneur à Prayon dans la seconde partie des années 80. À 41 ans, l’ancien Standardman, au pied gauche charmeur, avait ainsi permis au club de La Brouck et à son bouillant président Farine de retrouver l’échelon national pour y vivre la dernière période faste de son histoire.